Immortel
Il était immobile au-delà des espaces,
Et contemplait les danses qui animaient les mondes…
Dans les incandescences d’un éclatement sans cause
Se découvraient les cieux, les soleils et les hommes
Aux destins renaissants, aux formes timorées.
Étendu par delà les frontières visibles
Des univers croissants, des souvenirs éteints,
Sa présence puissante, éternelle, insoumise,
Des abîmes, des ombres, émergerait enfin.
Nulle mort, nulle crainte ne pourraient occulter
Sa décision finale de renaître à la vie.
Nul chaos, nul néant ne sauraient détourner
Sa détermination première, la note de son chant
A porter lui aussi la croix des renaissances.
Parmi les cimes blanches aux dorures sans visage,
Il se vêtait de chair, en scellait le secret.
Il avait attendu que l’Éternel se penche
Sur la couche des âmes, le sommeil des vivants.
Que l’obscurité cesse, que se brise le mensonge.
Celui qui tient, pressé, le cœur pulsant des mondes
Qui s’éteindra lui-même, avant qu’il ne s’effondre.
Fin d’une création aux vagues rugissantes,
Tu saisiras le feu que J’ai laissé pour toi.
Viendra bientôt le jour où l’univers d’antan
Déclinera sans bruit, sans reflet ni sans force…
Il était immobile au-delà des espaces
Et contemplait le jeu des forces et des dieux…
Dans son temple de chair rien n’était séparé
Qui ne fut déjà là, qui ne fut point créé.
Simple atome de matière ouvert sur l’infini,
Au toucher si restreint, à l’élan si timide,
Il était au milieu des frontières intangibles
A la fois transcendant, à la fois si petit.
Il n’y a plus de temps, il n’y a plus de forme,
Ni espoir, ni crainte, ni sommet, ni centre.
Les dimensions s’étiolent, l’espace se replie
En un champ immanent, sans origine, sans fin.
Depuis la nuit des temps l’Enfant poursuit sa route.
Son jardin est la vie,
Son cœur la plénitude.
1990 | Aïlango